L’eau en bouteille est-elle meilleure que l’eau du robinet ?

Eau en bouteille ou eau du robinet

Difficile de choisir entre l’eau en bouteille et l’eau du robinet. Chacune a son lot de défenseurs ou de détracteurs, revendiquant tantôt des raisons écologiques, tantôt des raisons sanitaires pour leur défense. A cela s’ajoutent des facteurs économiques. Comment le consommateur peut-il s’y retrouver?

D’un point de vue écologique

Il est naturel de privilégier l’eau du robinet si l’on considère le seul point de vue écologique. En effet l’eau en bouteille n’est pas éco-friendly puisque d’une part elle requiert des hydrocarbures pour son transport et favorise donc les gaz à effet de serre, et d’autre part le plastique nécessaire à son conditionnement pollue la planète. Ainsi, on constate qu’environ 180 000 tonnes de bouteilles en plastique sont produites chaque année en France, ce qui représente environ trois kilos par personne et par an.

D’un point de vue économique

Ici encore, l’eau du robinet l’emporte largement sur l’eau en bouteille. En effet, une étude de Que Choisir rapporte que  l’eau du robinet revient à 0,003 euros le litre, contre 0,20 euros le litre pour une eau de source et 0,40 euros pour une eau minérale. Ainsi on dépense à peine 2 € par an pour une consommation de 1,5 litre d’eau du robinet par jour, contre 110  à 220 € par an si l’on consomme de l’eau minérale. Et n’oublions pas que l’élimination des bouteilles en plastique est également coûteuse.

D’un point de vue sanitaire

C’est un facteur déterminant pour la majorité des consommateurs, et ce qui influe prioritairement leur choix. Mais comment s’y retrouver dans une réglementation très complexe et qui n’est pas toujours sans faille? Et d’autre part comment choisir en fonction de ses besoins physiologiques propres? Faut-il privilégier l’eau du robinet, l’eau de source ou l’eau minérale?

L’eau du robinet

L’eau du robinet est soumise à une réglementation très exigeante. Cette réglementation, nous rappelle le CIEAU (Centre d’information sur l’eau),  élaborée par le ministère de la Santé, à partir d’une directive européenne, a pour objectif la qualité sanitaire depuis la ressource en eau brute jusqu’à l’habitation. Cette réglementation est définie sur la base de travaux médicaux et les recommandations en vigueur de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). On établit les doses maximales admissibles (DMA), c’est à dire la quantité d’une substance qu’une personne peut absorber quotidiennement et sans danger. La quantité maximale est toujours calculée pour les personnes les plus fragiles (bébés, femmes enceintes, personnes immuno-déprimées…), ainsi les adultes en bonne santé sont parfaitement protégés.

L’eau « propre à la consommation humaine » doit répondre à environ 70 critères de qualité.

Ce sont les pôles Santé et Environnement des Agences régionales de santé, qui en sont chargés. Localement, les services responsables des usines de traitement pour rendre l’eau potable et des réseaux de distribution font également leur propre suivi. Il faut noter que si le suivi est très fréquent sur les grands réseaux qui alimentent de grandes villes ou les communautés de communes, il est en  revanche moins fréquent sur les petits réseaux qu’on peut trouver en zone rurale.

Les responsables du traitement et de la distribution d’eau potable sont les communes; conformément au Code de la Santé publique.

Dans les grandes et moyennes villes les traitements de dépollution financés par les collectivités la qualité de l’eau est souvent excellent. Mais les résultats sont beaucoup moins encourageants dans les petites communes où selon une étude de l’UFC Que Choisir, en majorité dans des petites communes, l’eau est parfois polluée par des pesticides, des nitrates, des contaminations bactériennes, de l’arsenic voire du plomb (pollutions agricoles, composants toxiques des canalisations…) avec des conséquences non négligeables sur la santé . Il est donc important de vérifier la qualité de l’eau potable de sa commune grâce à la carte du ministère des Solidarités et de la Santé qui répertorie les résultats du contrôle sanitaire de la qualité de l’eau potable.

Notons enfin que selon l’étude de Que Choisir, 96 % des Français ont accès a une eau de grande qualité.

Les eaux en bouteille

On doit distinguer les eaux de source et les eaux minérales. Au préalable, rappelons qu’une bouteille doit être consommée au plus tard 48 h après ouverture afin d’éviter la prolifération des bactéries.

Si les eaux en bouteille sont pointées du doigt pour leur contamination par des particules en plastique deux fois supérieure à l’eau du robinet, qu’en est-il de la réglementation sanitaire?

Les eaux de source

Les eaux de source sont soumises à la même réglementation que l’eau du robinet, c’est-à-dire qu’elles doivent remplir tous les critères de potabilité. En revanche, comme les eaux minérales, les eaux de source ne doivent pas subir de traitements de désinfection. Leur composition et leur teneur en minéraux peut varier dans le temps et il faut donc vérifier les étiquettes régulièrement.

Les eaux minérales

Les eaux minérales ne répondent pas à la même réglementation que l’eau du robinet. Elles sont soumises à des normes spécifiques et certaines seraient refusées en réseau public de distribution, car elles ne sont pas conformes aux critères d’une eau potable. Concernant le fluor, par exemple, la limite est fixée à 1,5 mg/l pour l’eau potable, les eaux minérales peuvent en revanche en contenir jusqu’à 5 mg/l. La composition d’une eau minérale doit rester stable dans le temps, et, comparées à l’eau du robinet, les eaux minérales ont droit à peu de traitements. On peut intervenir sur le fer, le manganèse, le fluor, mais on ne fait aucun traitement de désinfection.

Certaines eaux très minéralisées ne conviennent ni à tous, ni à un usage quotidien. Il faut donc vérifier la composition d’une eau minérale indiquée sur l’étiquette.

Les différences entre les marques tiennent aux écarts de minéralisation, c’est-à-dire aux teneurs en calcium, magnésium, fluor, sulfates, sodium…

Parmi les eaux minérales, enfin, il faut distinguer deux sous-catégories : d’une part, les eaux qui sont faiblement minéralisées, qui ne présentent donc aucun danger  et que l’on peut consommer régulièrement; d’autre part, les eaux fortement minéralisées, que l’on réservera à une consommation spécifique et occasionnelle. Mieux vaut parfois un avis médical avant de consommer ces eaux fortement minéralisées.

 

Choisir son eau en fonction de ses besoins: l’exemple des nourrissons

Les nourrissons ne peuvent consommer que des eaux faiblement minéralisées.

Si l’on choisit l’eau en bouteille, il faut vérifier que celle-ci est bien destinée aux nourrissons.

Mais l’’eau du robinet peut convenir aussi puisque sa minéralisation est faible.

Si les parents optent pour l’eau du robinet ils doivent respecter certaines recommandations délivrées par l’ANSES: n’utiliser que de l’eau froide qu’ils auront fait couler quelques secondes au préalable, et ne pas utiliser d’adoucissement ou de filtration qui pourraient favoriser les micro-organismes. La tête du robinet doit être propre.

Il faut également être prudent si l’on habite un habitat ancien, antérieur à 1948 car les canalisations peuvent être en plomb. Pour vérifier, on peut se renseigner auprès de sa mairie.

Par ailleurs, lorsque la concentration en nitrates est comprise entre 50 et 100 mg/l, l’eau ne doit pas être consommée par les femmes enceintes et les nourrissons –  et si elle est égale ou supérieure à 100 mg/l, elle ne doit être utilisée pour aucun usage alimentaire.

L’eau en carafe filtrante, une alternative?

La carafe filtrante nous garantit-elle une eau saine? Elles sont souvent des nids à microbes. Il est recommandé de remplacer souvent la cartouche (toutes les 4 à 6 semaines), placer la carafe filtrante au réfrigérateur et de consommer le contenu de la carafe au maximum 24 h après filtration. Si elle respecte les normes en vigueur concernant la diminution des concentrations en chlore, plomb et cuivre, elle risque toutefois de transmettre des contaminants comme des ions en argent, du sodium, du potassium et de l’ammonium.

Et l’aspect plaisir?

Le goût de l’eau du robinet varie en fonction des zones géographiques.

L’eau ne doit pas être seulement saine, et équilibrée en sels minéraux, elle doit aussi être agréable à boire, claire, inodore.

Le goût de chlore dans l’eau du robinet est parfois très désagréable. Si le chlore permet de rendre l’eau potable en éliminant  les microbes, les bactéries, les virus ainsi que les germes qui seraient la source de certaines maladies comme le choléra, son goût peut rebuter les consommateurs.

Alors, pour atténuer ce désagrément, il est conseillé de laisser couler l’eau un instant avant de la boire ou bien de placer l’eau versée dans une carafe ouverte au frigidaire, ce qui va permettre le dégazage du chlore.

En conclusion, chacun choisira de consommer tantôt l’eau du robinet, tantôt une eau de source, tantôt une eau minérale, en fonction de ses besoins physiologiques, de son mode de vie et de ses ressources.

Isabelle Gheleyns-Guedj

 

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