Comment trouver et utiliser une source d’eau ?

Comment trouver de l'eau

Toutes les habitations ne sont pas reliées aux réseaux d’eau potable. Il peut alors être intéressant de trouver et d’utiliser une source d’eau sur son terrain pour un usage domestique en effectuant les traitements nécessaires pour la rendre propre à la consommation. De même, en cas de sécheresse, une source d’eau peut compenser une pénurie d’eau, notamment pour une exploitation agricole.

Alors comment trouver une source d’eau ? Quelles techniques envisager ? Quelles réglementations doit-on respecter ?

Détecter une source dans sa propriété : les professionnels compétents

Il est possible de faire appel à différents professionnels pour détecter une source, sachant que les coûts et les résultats ne seront pas identiques.

Traditionnellement, on faisait appel à un sourcier. Grâce à ses dons et à sa baguette en coudrier, et aussi grâce à sa très bonne connaissance de la région, il est capable de détecter la présence d’eau en sous-sol. Il existe encore de nombreux sourciers aujourd’hui. (cf notre article: Le sourcier mène l’eau à la baguette).

On peut également choisir de faire appel à un hydrogéologue. Cet expert aux compétences multiples, de la géologie à la chimie en passant par la physique, étudie les flux pour trouver une nappe phréatique et savoir si l’on peut envisager la construction d’un forage ou d’un puits. L’hydrogéologue veille aussi à la protection de l’eau et du sol contre des pollutions éventuelles pendant la construction et peut mettre en place un plan de décontamination en cas de pollution.

 Les indices à la loupe et les moyens de détection

Quelques indices peuvent vous aider à savoir s’il existe une source dans votre propriété: une infiltration ou des remontées humides dans le sous-sol de votre habitation, la présence de cours d’eau à proximité, ou bien des voisins ayant installé un puits.

On étudiera aussi les zones couvertes de végétation, les endroits où elle est plus verte y compris pendant la saison sèche.

Les données climatiques donnent aussi des informations utiles. Enfin une carte géologique de la région s’avère un outil précieux. On la trouve au Bureau de Recherche Géologique et Minière (BRGM).

Notons enfin que l’isotopie permet de suivre l’écoulement de l’eau, mais également d’estimer l’âge des eaux souterraines. La nappe souterraine se renouvelle par l’infiltration d’eau. On détecte l’infiltration et on l’évalue en analysant les variations de la teneur d’isotopie du sol humide au-dessus de la nappe phréatique.

Lorsque un ou plusieurs indices sont réunis, on peut faire effectuer une recherche par l’un des professionnels susmentionnés. Il s’agit alors de sonder le sol en profondeur à l’aide d’un courant électrique. Si le courant passe sans rencontrer de résistance, c’est que les roches sont conductrices et contiennent de l’humidité.

Les techniques pour rendre la source utilisable

Une fois la source détectée, les travaux nécessaires à l’exploitation d’une source ont un coût. Il faut donc faire appel à un expert avant d’entreprendre ces travaux pour évaluer correctement la qualité et la quantité d’eau trouvée, et également déterminer l’emplacement et la profondeur de l’installation nécessaire à la production d’eau. En fonction des résultats de l’étude, le professionnel recommandera de faire soit un puits, soit un forage ou encore un puits artésien.

Le puits traditionnel est peu profond, il sert à collecter des eaux de surface: on récupère les eaux pluviales infiltrées dans le terrain qui vont alors remplir le puits en s’infiltrant dans ses parois perméables. L’eau n’étant pas profonde, on peut se contenter d’une pompe de surface, moins coûteuse qu’une pompe de forage. Notons que ce type de puits ne peut pas être réalisé lorsque le sol ne permet pas l’infiltration de l’eau de pluie.

Le forage est une seconde technique envisageable et permet un débit d’eau beaucoup plus important car on va chercher l’eau en profondeur.

Enfin le puits artésien est une technique sans pompe puisque l’on fore là où l’eau sort naturellement, ce qui nécessite de forer à un endroit où la nappe phréatique est sous pression. L’eau remonte alors par la colonne du forage.

Les réglementations à respecter

Il existe des règles d’implantation strictes: un environnement propre, éloigné de toute source potentielle de pollution. Il convient de vérifier si le forage envisagé respecte bien ces conditions. Pour cela il faut se reporter aux arrêtés qui indiquent les restrictions en vigueur. A titre d’exemple, l’implantation doit être au moins à 200 mètres des décharges et installations de stockage de déchets ménagers ou industriels, à au moins 35 mètres des systèmes d’assainissement des eaux usées.

De même, pour un puits ou un forage excédant dix mètres de profondeur, une déclaration à la Direction Régionale de l’Industrie de la Recherche et de l’Environnement (DRIRE) est nécessaire.

Notons qu’il n’est pas obligatoire d’être raccordé au réseau d’eau potable. Il est donc possible d’utiliser l’eau de la source pour la consommer. Mais il faut en informer au préalable la Direction Départementale des Affaires Sanitaires et Sociales (DDASS) et vérifier si elle est potable par des analyses, puis effectuer les traitement nécessaires pour la rendre potable si elle ne l’est pas, et enfin, réaliser des contrôles réguliers de sa qualité.

Si vous choisissez de ne pas boire votre eau, vous pouvez envisager de la réserver pour d’autres usages comme la douche, la lessive ou les toilettes. Il sera alors impératif de prévoir un double réseau de distribution d’eau dans votre habitat, d’une part le réseau d’eau potable et d’autre part le réseau propre à l’eau de source qui seront totalement séparés. En effet,  l’eau de votre source ne doit pas  polluer l’eau potable du réseau collectif.

Afin d’éviter les abus et dérives, une réglementation rigoureuse a été instaurée:

Une double déclaration en mairie, avant et après travaux, est obligatoire si l’on destine l’eau de sa source à une utilisation domestique. L’article R 214.5 du Code de l’environnement précise que « constituent un usage domestique de l’eau les prélèvements et les rejets destinés exclusivement à la satisfaction des besoins des personnes physiques propriétaires ou locataires des installations … dans les limites des quantités d’eau nécessaires à l’alimentation humaine, aux soins d’hygiène, au lavage et aux productions végétales ou animales réservées à la consommation familiale de ces personnes ».

Donc tout prélèvement inférieur ou égal à 1000m3 d’eau par an et destiné à l’alimentation, l’hygiène ou l’arrosage relève de l’usage domestique.

La loi envisage non seulement le prélèvement d’eau mais aussi le rejet d’eaux usées: utiliser le réseau public d’assainissement implique d’installer un compteur et  de payer une taxe proportionnelle au volume d’eau rejeté.

En conclusion, trouver et exploiter une source d’eau peut s’avérer très utile mais il convient non seulement de choisir un bon professionnel qui permettra d’évaluer le retour sur investissement mais aussi de respecter les réglementations en vigueur. Enfin, n’oublions jamais que l’eau, même lorsqu’elle est gratuite, est une denrée précieuse et qu’il faut toujours l’utiliser de façon responsable sans épuiser les sous-sols.

Isabelle Gheleyns-Guedj

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