Fonte des glaces : un sujet aussi brûlant qu’urgent pour le GIEC

Véritables châteaux d’eau naturels, les glaciers sont aujourd’hui particulièrement vulnérables avec l’accélération du réchauffement climatique. Jusqu’à présent, leur importance et les dangers qui les menacent n’ont été que peu reconnus à l’échelle mondiale. Toutefois, ce lundi 9 août 2021, le rapport du GIEC ( Groupe Intergouvernemental sur le Climat ) tire la sonnette d’alarme sur les risques encourus notamment par les calottes glacières suite à la montée toujours exponentielle des températures.

Les glaciers : un réservoir d’eau potable pour les populations

Les glaciers, structures de glace situées en hautes montagnes, sont formés par l’accumulation d’épaisses couches de neige. Ils stockent ainsi l’eau douce sous forme de glace, avant de la restituer sous forme de précipitations l’hiver, ou en alimentant les rivières qui en découlent l’été. De plus, ils ont aussi pour rôle d’équilibrer les volumes d’eau entre les années humides et les années sèches.

Outre leur responsabilité dans la montée du niveau des mers et océans, ce sont également nos ressources d’eau potable qui sont en jeu : sur les 2.8 % d’eau douce présents sur la surface de la Terre, 2.15 % proviennent de la glace polaire ( cf notre article : Les réserves d’eau potable dans le monde : état des lieux ). Ainsi, la neige et les glaciers qui recouvrent les sommets des hautes montagnes sont essentiels à plus de 1,6 milliards de personnes, soit plus de 20 % de la population mondiale actuelle, et fournissent de l’eau afin d’alimenter l’industrie, l’irrigation, la production d’énergie, ou même la consommation d’eau à plus de la moitié de l’humanité ( cf notre article : Les réserves d’eau potable dans le monde : la consommation ). Ainsi, les hautes montagnes contribuent dans les zones arides ou semi-arides à 80 voire 100 % de l’alimentation des rivières, comme par exemple sur la côte Pacifique du Pérou.

Un stock qui s’épuise à une vitesse alarmante

L’Indus et le Tarim en Asie, la cordillère de Patagonie en Amérique du Sud, le plateau du Columbia en Amérique du Nord, mais aussi les plateaux du Rhône ou du Pô en Europe  réservoirs d’eau cruciaux, seraient alors les plus menacés, tant pour leur quantité de ressources, que pour le nombre d’individus qui les utilisent. En effet, cette diminution dans la capacité d’eau douce de la planète prend place alors même que la demande d’eau potable s’intensifie : plus de 2 milliards de personnes dépendent aujourd’hui de la région de l’Hindu Kush Himalaya. 

L’Alaska, l’archipel Arctique, les Andes du Sud, la région de l’Himalaya, l’Arctique russe, l’Islande et l’archipel norvégien du Svalbard concentrent 94% de la fonte des calottes glaciaires et des glaciers recensés dans le monde. Pourtant, les chercheurs du Jet Propulsion Laboratory enregistrent une déperdition chaque année dans ces régions de plus de 280 milliards de tonnes de glace ( 324 milliards de tonnes en 2019 ). De même, la masse des glaciers des monts Tian, en Asie centrale, a diminué de 27 % et leur surface de 18 % au cours des cinquante dernières années, tandis que ceux du Mont Blanc perdent 12 mètres chaque année. Ainsi, à ce rythme, la station de ski de Chamonix  pourrait disparaitre d’ici 2100.

Les bouleversements dramatiques causés par la hausse des températures

D’après l’organisme mondial du GIEC, la température pourrait augmenter de 1.5°C d’ici 2030. Toutefois, au rythme actuel, le monde se dirige plutôt vers + 4 °C ou + 5 °C. Les prévisions les plus pessimistes annoncent une hausse entre 3.3 et 5.7° C. Cette montée des températures a pour impact direct la fonte des glaciers. Ainsi, en Antarctique, la température moyenne des jours les plus froids devrait augmenter trois fois plus vite que le reste du monde.

Tandis que le niveau des océans a augmenté d’environ vingt centimètres depuis 1900, le rythme de cette hausse a donc triplé ces dix dernières années sous l’influence grandissante de la fonte des calottes glaciaires. Les scientifiques estiment désormais que le niveau de la mer pourrait gagner jusqu’à un mètre d’ici 2100. Cette hausse pourrait atteindre près de deux mètres d’ici 2300, voire 2100, soit deux fois plus qu’estimé par le GIEC en 2019. 

D’autre part, d’après le GIEC, l’effondrement total des calottes glaciaires constituerait un point de rupture dans le dérèglement climatique, provoquant des changements radicaux et irréversibles.

On imagine sans difficulté les conséquences dramatiques que cette disparition des glaciers entraînerait pour la population mondiale (cf notre article : Les réserves d’eau potable dans le monde : problèmes et solutions envisageables ).

Il est urgent d’agir et les responsables des différentes nations doivent prendre des mesures immédiates pour éviter le pire.

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